« Ce fut vraiment là une histoire sans nom ! un drame étouffant & étouffé entre ces deux femmes du même sang, qui s'aimaient pourtant, - qui ne s'étaient jamais quittées, - qui avaient toujours vécu dans le même espace, mais dont l'une n'avait jamais été mère, ni l'autre fille, par la confiance & par l'abandon... »

Sous l'apparente banalité d'une vie monotone se noue un drame terrible entre une mère & sa fille, les dames de Ferjol.

Après le départ mystérieux du capucin, dont on ne connaît que le nom moyenâgeux & l'imposante figure, & à qui les deux femmes donnaient l'hospitalité pour le temps du Carême, la jeune fille souffre d'une langueur étrange que la vieille & fidèle servante de Madame de Ferjol attribue à un sort maléfique jeté par le moine.

À mesure que le récit avance, le huis clos devient plus étouffant ; la mère au « tempérament de feu », violente & excessive derrière son masque austère, s'oppose à sa fille Lasthénie, dont « l'innocence naïve » est renforcée par l'ignorance de son mal.

Jules Barbey d'Aurevilly joue des rapports entre l'atmosphère sombre de l'histoire, l'enfermement des personnages dans leur folie respective & la description des lieux, qui accentuent l'impression d'isolement, de perte de conscience du monde extérieur, d'anéantissement.

Il mène son lecteur des Cévennes au château d'Olonde en Normandie, intensifiant le drame à chaque chapitre par l'accumulation de nouveaux mystères, le retenant jusqu'aux dernières pages pour donner enfin la lumière sur ce sombre récit.

Crédits : les images qui illustrent cette page sont tirées de l'ouvrage Les estampes de Peter Bruegel l'Ancien par René van Bastelaer, Librairie nationale d'art & d'histoire, G. van Oest & Cie, Bruxelles, 1908.

Les estampes « Deux fous de carnaval » & « Trois fous de carnaval jouant avec leur marottes » sont particulièrement réprésentées.

5-22 juin 1882

Le roman Une histoire sans nom est publié en feuilleton dans le Gil Blas, puis chez Lemerre en volume

Le titre de Barbey d'Aurevilly est un succès de librairie

Années 1960

Lors d'un voyage en train, le professeur Jean Bernard découvre par hasard Une histoire sans nom

L'hématologiste note de troublantes similitudes entre les cas cliniques qu'il a observés & la pathologie de l'héroïne du roman, Lasthénie de Ferjol

À la suite de ces observations, Jean Bernard donne une première description complète de cette affection & en regroupe toutes ses manifestations sous le nom de « syndrome de Lasthénie de Ferjol » dans un article, collectif, publié en 1967 « Les anémies hypochromes dues à des hémorragies volontairement provoquées... »

Cette affection se caractérise par des « anémies factices dues à des saignements clandestins autoprovoqués chez des femmes jeunes appartenant souvent au milieu paramédical »...

Nombre de signes

221 000

Folio

107 pages

Temps d'impression

21 minutes

Taille du fichier PDF

590 Ko

ISBN - Prix

2-84824-041-5
Gratuit