[ nouveautés ¶ littératures ¶ essais ¶ catalogue ¶ à propos ] |
« Le rire est probablement destiné à disparaître. On ne voit pas bien pourquoi, entre tant d'espèces animales éteintes, le tic de l'une d'elles persisterait. Cette grossière preuve physique du sens qu'on a d'une certaine inharmonie dans le monde devra s'effacer devant le scepticisme complet, la science absolue, la pitié générale & le respect de toutes choses. Rire, c'est se laisser surprendre par une négligence des lois : on croyait donc à l'ordre universel & à une magnifique hiérarchie de causes finales ? Et quand on aura attaché toutes les anomalies à un mécanisme cosmique, les hommes ne riront plus. On ne peut rire que des individus. Les idées générales n'affectent pas la glotte. Rire, c'est se sentir supérieur. Quand nous ferons à genoux, dans les carrefours, des confessions publiques, quand nous nous humilierons pour mieux pouvoir aimer, le grotesque sera au-dessus de nous. Et ceux qui auront apprécié l'identique valeur, en dehors de toute relativité, de leur moi & d'une cellule composante ou solitaire, sans comprendre les choses, les respecteront. La reconnaissance de l'égalité entre tous les individus de l'univers ne fera pas hausser les lèvres sur les canines. Voici comment on pourra interpréter dans ce temps un jeu aboli du visage : "Cette espèce de contraction des muscles zygomatiques était le propre de l'homme. Elle lui servait à indiquer en même temps son peu d'intelligence pour le système du monde & sa persuasion qu'il était supérieur au reste." La religion, la science & le scepticisme du temps futur ne contiendront qu'une faible partie de nos pénibles idées sur ces matières. Il est certain toutefois que la contraction des muscles zygomatiques n'y aura point de place. J'aimerais donc à désigner à ceux qui s'éprendront des choses d'autrefois l'œuvre qui excita dans notre époque barbare la plus grande somme de ce rire disparu. Je sais qu'on s'étonnera de la bouche convulsée, des yeux larmoyants, des épaules secouées, du ventre saccadé, ainsi que nous nous étonnons nous-mêmes pour les singuliers usages des premiers hommes : mais je supplie les personnes éclairées de réfléchir au grand intérêt que présente un document historique, de quelque ordre qu'il soit. » (Marcel Schwob, préface, Messieurs les Ronds-de-Cuir, |
1858-1870 Naissance, le 25 juin 1858, à Tours, de Georges Moinaux dit Courteline ; son père, Jules Moinaux, est le chroniqueur humoriste de La Gazette des tribunaux. 1871-1879 Études secondaires à Meaux & à Paris (collège Rollin) ; échoue à la seconde partie du baccalauréat 1880 Courteline fait son service militaire dans le 13e régiment de chasseurs à Bar-le-Duc. 1881-1892 Fonde la revue Paris Moderne, avec Jacques Madeleine & Georges Millet (1883) ; y édite notamment des contes de son ami Catulle Mendès. 1893 Sur les conseils d'André Antoine, directeur du Théâtre-Libre, Courteline s'essaye, avec succès, à la comédie & adapte Boubouroche à la scène ; cette pièce entre au répertoire de la Comédie-Française en 1910. 1894-1911 Courteline enchaîne les succès au théâtre avec notamment Théodore cherche des allumettes, Les Boulingrin, Le gendarme est sans pitié, L'Article 330... 1912-1918 Nombreux voyages (Afrique du Nord & Europe - Italie, Belgique, Allemagne...). 1925-1927 Georges Courteline corrige les épreuves de ses œuvres complètes (édition Bernouard) ; est élu à l'académie Goncourt 25 juin 1929 Décès, le jour de son anniversaire, de Georges Courteline 1937 Première adaptation Messieurs les Ronds-de-Cuir au cinéma grâce à Yves Mirande 1958 Henri Diamant-Berger porte à l'écran Messieurs les Ronds-de-Cuir avec : Pierre Brasseur (Directeur Nègre), Noël-Noël (La Hourmerie), Jean Poiret (Lahrier) & Michel Serrault (Conservateur du musée)... Nombre de signes 230 000 Folio 131 pages Temps d'impression 26 minutes Taille du fichier PDF 500 Ko ISBN - Prix 2-84824-072-5 |
[ nouveautés ¶ littératures ¶ essais ¶ catalogue ¶ à propos ] |