Comme à l'accoutumée, le tamis de vérité de cet insatiable détrousseur de fourberies & d'intolérance ne laisse rien passer. Vertu, lois, religion, pouvoir, honneur… tout y passe, & les démonstrations sont exquises.

Cette fois, notre esprit libre se cache derrière un jeune homme plein d'innocence fraīchement débarqué sur les côtes de France.

« ... Ils dévoraient des yeux les portraits & le Huron... » (chapitre deuxième)

« ... La curiosité l'emportant bientôt sur toute autre considération, elles se coulèrent doucement entre les roseaux ; & quand elles furent bien sūres de n'être point vues, elles voulurent voir de quoi il s'agissait. » (chapitre troisième)

Un ingénu qui, de découvertes en désillusions, va aller à la rencontre de la société des hommes.

Dès les premières pages, la justesse de ses questionnements, la naïveté de ses pensées & la logique enfantine de ses raisonnements se heurteront aux contradictions & petitesses d'arrière-cours de la société provinciale.

Puis, lorsque l'amour viendra emmêler le tout, c'est contre la bêtise des hommes qu'il partira en guerre.

Amoureux d'une jeune femme que l'on vient d'enfermer dans un couvent & convaincu de son bon droit, notre fougueux ingénu décidera, alors, de prendre la route de Paris. Là où tout se passe : hypocrisie des hommes, perversion de la religion & corruption de l'État.

Mais, comme bien des hommes de poigne, libres & généreux, il sera vite pris dans les mailles du filet des jésuites en plein délire paranoïaque.

Son périple parisien sera donc de très courte durée puisque sitôt arrivé, sitôt embastillé. Et c'est là que le conte devient pamphlet, & que l'histoire se fait croustillante.

En effet, pendant que le jugement de notre innocent au cœur pur se développe au contact d'un janséniste, colocataire de geôle, l'élue de son cœur, mademoiselle Saint-Yves, s'échappe.

En cavale, la belle décide, à son tour, de venir jusqu'à Paris pour délivrer son amant injustement emprisonné. Mais cette charmante provinciale est loin d'imaginer ce dont sont capables les hommes qui composent cette cour pourtant si galante & si aimable.

	« La Saint-Yves pleurait, elle était suffoquée, à demi renversée sur un sofa...
	... croyant à peine ce qu'elle voyait, ce qu'elle entendait. » (chapitre quinzième)

Ses doutes culmineront lorsqu'elle ira chercher conseil auprès de son bon confesseur, le père Tout-à-tous qui, par la puissance d'un raisonnement implacable, l'engagera, avec la bénédiction du ciel, à suivre les voies de la perversion.

Passage très court, mais à mourir de sourire, qui aboutira - ainsi en est-il pour certaines āmes en manque de pratique - à ce que la liberté devienne une prison, à ce que la vie ressemble à la mort & que l'amour s'apparente au malheur.

Bref, un voyage tonifiant au pays des idées dans l'univers raisonné d'un Voltaire révolté par les non-sens & l'incohérence des hommes de loi comme de foi. Révolté par cette société de l'arbitraire en pleine déraison.

22 novembre 1694

Baptême de François Marie Arouet dit Voltaire en l'église Saint-André-des-Arts à Paris

1704-1711

Brillante scolarité chez les jésuites du collège Louis-le-Grand

1712-1715

Voltaire fréquente les salons littéraires & académiques, notamment la société libertine du palais du Temple

1716-1717

Exil & embastillement (onze mois) pour avoir composé des vers contre le Régent

1719-1724

Intense vie mondaine... tournée des châteaux... Voltaire est atteint de petite vérole. S'installe rue de Beaune chez Madame de Bernières

1726-1728

Séjour en Angleterre. La Henriade (1728)

1730-1735

Fructueuses opérations financières dans le commerce & dans la fourniture aux armées. Zaïre (1732). Liaison avec Madame du Châtelet. Lettres philosophiques (1734). Mises à l'index, Voltaire doit fuir chez Madame du Châtelet à Cirey-en-Champagne

1740

Première rencontre avec Frédéric II de Prusse

1743-1747

Mérope. Retour en grâce de Voltaire. Nommé historiographe de France (1745). Élu académicien (1746). S'intéresse de près à sa nièce Madame Denis...

1747-1750

Zadig. Disgrâce & séjour à Lunéville à la cour du roi Stanislas.

Appel de Frédéric II (1750). Voltaire part pour Postdam, puis Berlin, perd sa charge d'historiographe du roi & est nommé chambellan du roi de Prusse. Voltaire ne retournera à Paris qu'en 1778

1752-1755

Querelle de l'Akakia à l'encontre de Maupertuis. Le Siècle de Louis XIV est publié à Berlin. Frédéric II chasse Voltaire qu'il assigne à résidence à Francfort pendant six mois

Lente retraite vers la France & installation en Suisse (Colmar, abbaye de Senones, Lyon, Genève) (1754). Collabore à l'Encyclopédie

1759-1765

Candide. Installation à Ferney.

Début de l'affaire Calas, s'intéresse au cas Sirven. Traité sur la tolérance. Dictionnaire philosophique. Extrait des sentiments de Jean Meslier.

Réhabilitation des Calas (1765)

1766-1767

Exécution à Abbeville du Chevalier de La Barre (1766). Exécution de Lally-Tollendal. L'Ingénu

1769-1771

Voltaire aménage son domaine de Ferney (agronomie, manufactures de montres & de bas de soie...). Acquittement de Sirven

1775

Échecs de Voltaire dans ses tentatives de réhabilitation du Chevalier de La Barre

1778

26 mai : révision du cas Lally-Tollendal
30 mai : « Je meurs en adorant Dieu, en aimant mes amis, en ne haïssant pas mes ennemis & en détestant la superstition. »

Nombre de signes

135 000

Folio

 71 pages

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14 minutes

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ISBN - Prix

2-84824-028-8
Gratuit