[ nouveautés ¶ littératures ¶ essais ¶ catalogue ¶ à propos ] |
« Avant de voler de ses propres ailes, de suivre sa propre voie & de conquérir tardivement sa place dans le champ littéraire, Octave Mirbeau a dû, comme beaucoup de ceux qu'il appelle des "prolétaires des lettres", vendre sa plume pendant douze ans, comme secrétaire particulier, comme journaliste à gages, & aussi comme "nègre". C'est ainsi qu'Octave Mirbeau a rédigé au moins une douzaine de romans & de recueils de contes, parus sous trois pseudonymes différents : MIRoux, BAUquenne & Forsan. Il serait toutefois erroné & dommageable de ne voir, dans cette partie immergée de l'iceberg mirbellien, qu'une production strictement alimentaire. Car la négritude n'est pas seulement un moyen d'assurer sa subsistance dans l'immédiat &, pour l'avenir, de préparer le terrain à des contrats avantageux chez les éditeurs qui auront pu juger de la rentabilité du "nègre". Elle est aussi & surtout, pour un écrivain ambitieux, une manière de faire tout à la fois ses armes & ses preuves, de s'entraîner en s'inspirant de modèles éprouvés, d'endosser ludiquement des identités diverses qui enrichissent son "herbier humain" en même temps que sa palette, & d'entreprendre sans risques diverses expériences littéraires préparatoires à l'œuvre à venir. Les cinq romans que nous publions ici sont des récits pathétiques de sacrifices inutiles & sont agencés comme des tragédies, où le déterminisme tient lieu de fatum, où se combinent les "engrenages" des passions & les "fatalités" du milieu social, & où les exigences du tempérament des individus se heurtent douloureusement aux homicides préjugés culturels &à l'inexorable loi des dominants. Le romancier trace déjà un tableau au vitriol de l'hypocrite & criminelle société de la Troisième République ; il démystifie d'importance ce qu'il est convenu d'appeler "le monde", si mal nommé, car il mériterait plutôt le qualificatif d'immonde ; & il développe, de l'humaine condition, une vision fort pessimiste, où le bonheur n'est qu'un rêve, l'amour qu'une illusion, & où la mort apparaît bien souvent comme le seul refuge. Face aux maux consubstantiels à la vie & au désordre établi, c'est à l'humour distancié & à l'ironie vengeresse que Mirbeau assigne pour mission d'affirmer la lucidité & la dignité de l'homme ; & c'est aux mots que, déjà, il a recours pour nous consoler de nos misères & transmuer le tragique de notre condition en jubilation verbale : il nous offre en effet un véritable festival linguistique, qui met en lumière l'essentielle littérarité de récits dont l'intérêt réside moins dans ce qui est dit que dans l'art d'accommoder les mots pour le dire. » (Pierre Michel)
Les deux images qui illustrent cette page sont extraites des Cahiers Octave Mirbeau, dont la Société Octave Mirbeau assure avec grands soins la publication chaque année. Société Octave
Mirbeau
Cette édition & cette présentation n'auraient pu voir le jour sans l'indispensable & amicale concours de M. Pierre Michel ; qu'il en soit ici très chaleureusement remercié.
Une édition numérique réunissant les 5 romans « nègre » d'Octave Mirbeau (L'Écuyère, La Maréchale - Mœurs parisiennes, La Belle Madame Le Vassart, Dans la vieille rue, La Duchesse Ghislaine) en un seul fichier PDF (environ 5,5 Mo, près de 1 200 pages...) est disponible... |
Mirbeau & la « négritude » Nombre de signes :
L'Écuyère Nombre de signes : La Maréchale Nombre de signes : La Belle Madame Le Vassart Nombre de signes : Dans la vieille rue Nombre de signes : La Duchesse Ghislaine Nombre de signes : |
[ nouveautés ¶ littératures ¶ essais ¶ catalogue ¶ à propos ] |