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« Je me souviens encore de la première fois que les ouvrages de Richardson tombèrent entre mes mains : j'étais à la campagne. Combien cette lecture m'affecta délicieusement ! À chaque instant je voyais mon bonheur s'abréger d'une page. Bientôt j'éprouvai la même sensation qu'éprouveraient des hommes d'un commerce excellent qui auraient vécu ensemble pendant longtemps & qui seraient sur le point de se séparer. À la fin il me sembla tout à coup que j'étais resté seul. Cet auteur vous ramène sans cesse aux objets importants de la vie. Plus on le lit, plus on se plaît à le lire. C'est lui qui porte le flambeau au fond de la caverne ; c'est lui qui apprend à discerner les motifs subtils & déshonnêtes, qui se cachent & se dérobent sous d'autres motifs qui sont honnêtes, & qui se hâtent de se montrer les premiers. Il souffle sur le fantôme sublime qui se présente à l'entrée de la caverne ; & le More hideux qu'il masquait s'aperçoit. C'est lui qui sait faire parler les passions, tantôt avec cette violence qu'elles ont lorsqu'elles ne peuvent plus se contraindre, tantôt avec ce ton artificieux & modéré qu'elles affectent en d'autres occasions. C'est lui qui fait tenir aux hommes de tous les états, de toutes les conditions, dans toute la variété des circonstances de la vie, des discours qu'on reconnaît. S'il est au fond de l'âme du personnage qu'il introduit un sentiment secret, écoutez bien, & vous entendrez un ton dissonant qui le décèlera. C'est que Richardson a reconnu que le mensonge ne pouvait jamais ressembler parfaitement à la vérité ; parce qu'elle est la vérité & qu'il est le mensonge. S'il importe aux hommes d'être persuadés qu'indépendamment de toute considération ultérieure à cette vie, nous n'avons rien de mieux à faire pour être heureux que d'être vertueux, quel service Richardson n'a-t-il pas rendu à l'espèce humaine ? Il n'a point démontré cette vérité, mais il l'a fait sentir : à chaque ligne il fait préférer le sort de la vertu opprimée au sort du vice triomphant. Qui est-ce qui voudrait être Lovelace avec tous ses avantages ? Qui est-ce qui ne voudrait pas être Clarisse, malgré toutes ses infortunes ? » (Diderot, Éloge de Richardson, extrait.) 1. Le texte reproduit est issu de la première édition des Lettres anglaises, ou Histoire de Miss Clarisse Harlove, Londres, Nourse, 1751, douze parties en six volumes (traduction de la première édition du texte original de Clarissa, or the History of a Young Lady, 1747-1748) dont l'orthographe & la typographie ont été modernisées. 2. En annexe de notre édition ont été ajoutés l'Éloge de Richardson de Diderot, l'Enterrement de Clarisse, le Testament de Clarisse Harlove & les Lettres posthumes de Clarisse Harlove. 3. Le Tome 1, réunissant les 44 premières lettres, du roman épistolaire de Samuel Richardson est proposé en libre téléchargement (1,2 Mo). 4. Compte tenu des caractéristiques de cet ouvrage, une connexion internet haut débit (ADSL, câble...) est nécessaire afin de télécharger le fichier PDF dans de bonnes conditions. |
1689 Naissance de Samuel Richardson (à Macworth, dans le Derbyshire). Ses parents sont ébénistes 1706-1726 Samuel Richardson suit son apprentissage
chez l'imprimeur John Wilde à Londres. Dépassant son maître,
il exerce son activité avec
succès,
monte sa propre
imprimerie, & est nommé membre de la Compagnie des imprimeurs
en 1715. 1731 & 1740 L'abbé Prévost publie Manon Lescaut (1731), Samuel Richardson, Pamela, ou la Vertu récompensée (Pamela, or Virtue Rewarded) (1740) Décembre 1747-décembre 1748 Parution en trois livraisons de Clarisse Harlove. Le sort de l'infortunée Clarisse, victime des turpitudes de l'infâme Lovelace, passionne le public anglais 1749 Henry Fielding, Tom Jones (The History of Tom Jones, a Foundling) 1751 Traduction, avec quelques « petites réparations », par l'abbé Prévost de Clarisse Harlove. L'auteur de Manon Lescaut supprime plus d'une centaine de lettres de l'édition anglaise, adapte le texte de Richardson au « goût français » en le rendant moins moral & religieux... 1754 Samuel Richardson, L'Histoire de sir Charles Grandison (The History of sir Charles Grandison) 1761 Décès de Samuel Richardson (Parson's
Green). 1762 Le Journal étranger publie l'Éloge de Richardson de Diderot (janvier) ; suivent, en mars, les traductions de l'Enterrement de Clarisse, des Lettres posthumes & du Testament de Clarisse Harlove, textes que l'abbé Prévost n'avait pas retenus dans son édition. Parution (août) à Lyon (chez Périsse) du Supplément aux lettres anglaises où figurent autour de l'Éloge de Richardson, une nouvelle traduction de l'Enterrement de Clarisse, du Testament de Clarisse & des Lettres posthumes de Clarisse Harlove 1763 Décès de l'abbé Prévost à Courteuil dans l'Oise 1785 Traduction de Clarisse Harlove par Le Tourneur
Nombre de signes 3 760 000 Folio 1 985 pages Temps d'impression NC Taille du fichier PDF 6,7 Mo ISBN - Prix 2-84824-063-6 |
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