Si Schwob était un monument, il serait un chef-d'œuvre de cette architecture éclectique qui triomphe au tournant des XIXe & XXe siècles, entre rococo, néo-gothique & néo-byzantin, entre guerre de 70 & guerre de 14 : Marcel Schwob est de cet entre-deux-là : né en 1867, il meurt en 1905, à trente-huit ans. Son oncle est conservateur de la bibliothèque Mazarine ; à Louis-le-Grand, ses condisciples s'appellent Léon Daudet & Paul Claudel. Il rate l'entrée à Normale. Heureusement ! il serait devenu professeur ou savant...

[Marcel Schwob, Le Livre de Monelle - Le Roi au masque d'or]

« À travers une grande plaie sombre du feuillage, il aperçut le vide radieux du ciel. La forêt ne le protégeait plus & il ressentit comme une honte de nudité. Car, du fond de cette vaste clairière bleuâtre si lointaine, beaucoup de petits yeux implacables luisaient, des points d'yeux très perçants, des clignements d'étincelles, tout un picotement de rayons. Ainsi Alain connut les étoiles, & les désira sitôt qu'il les eut connues. »

Marcel Schwob, L'Étoile de bois

Nombre de signes : 35 000 - Folio : 19 pages - Temps d'impression : 4 minutes - Taille du fichier PDF : 150 Ko

« Ses traits & son maintien ne manquaient point, sans doute, de cette distinction convenue qui fait tolérer les personnes : son accent n'était point fastidieux comme celui de quelques étrangers ; - seulement, en vérité, sa pâleur prenait, par intervalles, des tons singulièrement blêmes... »

Villiers de L'Isle-Adam, Le Convive des dernières fêtes

« Le prisonnier était de ceux qui ne jouent pas aux cartes : on ne lisait, dans son regard, ni peur ni espoir...

Villiers de L'Isle-Adam, Le Secret de l'échafaud

« Quatre heures du matin sonnent. Le prêtre & le condamné sont laissés seuls un instant, dans la cellule, pour les suprêmes paroles. Le désespéré persiste dans l'endurcissement & l'impénitence... »

Villiers de L'Isle-Adam, L'Instant de Dieu

Nombre de signes : 80 000 - Folio : 41 pages - Temps d'impression : 8 minutes - Taille du fichier PDF : 320 Ko

Avis aux âmes qui ont l'ironie à fleur de peau, aux amateurs de satires & autres gloutons d'insolence. Ne passez pas à côté de ce savoureux petit conte social qui épingle avec humour & dextérité la société du XVIIIe siècle. Et que ses imperfections sont grossières lorsque la griffe & l'implacable logique de Voltaire les prennent en chasse.

[Voltaire, L'Ingénu]

« Le cimetière est au diable, en dehors des fortifications. On descend l'avenue de Saint-Ouen, on passe la barrière, enfin on arrive. C'est un vaste enclos, un terrain vague, fermé de murailles blanches. Des herbes y poussent, la terre remuée fait des bosses, tandis qu'au fond il y a une rangée d'arbres maigres, salissant le ciel de leurs branches noires.

Lentement, le convoi avance dans la terre molle. Maintenant, il pleut & il faut attendre sous l'averse un vieux prêtre, qui se décide à sortir d'une petite chapelle. Charlot va dormir au fond de la fosse commune. Le champ est semé de croix renversées par le vent, de couronnes pourries par la pluie, un champ de misère & de deuil, dévasté, piétiné, suant cet encombrement de cadavres qu'entassent la faim & le froid des faubourgs... »

Émile Zola, Comment on meurt

Nombre de signes : 65 000 - Folio : 35 pages - Temps d'impression : 7 minutes - Taille du fichier PDF : 310 Ko

« C'était, certes, un bel homme, trente-cinq à quarante ans, brun, le visage si rond & si rose, qu'on eut volontiers pris ce visage de prêtre pour la face réjouie d'une servante de ferme. Avec cela, homme du monde, belle fourchette, langue bien pendue. Les femmes l'adoraient, la petite baronne en raffolait... »

Émile Zola, L'Hypocrisie religieuse. Le Jeûne

Nombre de signes : 11 000 - Folio : 9 pages - Temps d'impression : 2 minutes - Taille du fichier PDF : 180 Ko