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Marthe est une rousse flamboyante, elle a la bouche groseille & une « prestance de déesse des barrières ». Surtout, la drôlesse couve une dangereuse « haine de misère, une aspiration maladive d'inconnu » & en elle bouillonne « une désespérance non résignée », « une appétence de bien-être & d'éclat »... dira-t-on jamais à combien d'erreurs funestes conduit le désir de s'élever au-dessus de sa condition ? Comment, avec de tels penchants auxquels il faut ajouter « un alanguissement morbide, une disposition à la névrose [&] une certaine paresse instinctive », résister aux avances d'un vieux riche ? Il la dégoûte, elle se dégoûte, mais... « après une pipe, une autre ; après un amant, un second ». Sur cette pente, Marthe se laisse glisser jusqu'à l'« odieux métier [...] qui vous jette, de huit heures du soir à trois heures du matin, sur un divan [...], qui vous force à vous étendre près d'un affreux ivrogne, à le subir, à le contenter ». Marthe, quant à elle, aura sa chance de rédemption. Ginginet, un vieux cabotin, la rencontre dans l'arrière-boutique d'un marchand de vin ; il en fait la vedette de Bobino. Marthe a la tête hors de l'eau, elle pense même accéder au bonheur en s'amourachant de Léo, un fils de famille qui s'est « jeté, tête baissée, dans le marécage des lettres ». « Un mois durant, ils crurent s'aimer, puis, un beau jour... » Le malheur les rapproche un temps, mais « la misère dégrise » & « ce suicide d'intelligence que l'on nomme un collage » fait rapidement tourner le « vin d'amour » en vinaigre. Marthe est rattrapée par son destin. Fille publique, elle n'a pas été rayée des listes de la préfecture ; recherchée par la police, Marthe s'affole. C'est Ginginet, le sauveur d'hier, qui l'entraîne cette fois dans sa vertigineuse chute. Elle trouve encore l'énergie de refuser la déchéance extrême, se déniche un bienfaiteur & tente de reconquérir Léo qu'elle « culbute dans une charge à fond de train des lèvres ». Le suicide ne consiste pas forcément à se jeter « un jour de bon sens, dans la Seine » : Marthe congédie son protecteur puis, l'un après l'autre, ceux qui sont prêts à le remplacer ; elle préfère « les avoir tous qu'en endurer un seul ». Point de salut pour une putain ! Elle recroise Ginginet : « Bah ! dit-elle, nous nous valons ; c'est égal, mon cher, si c'était à recommencer ! Sais-tu qu'il vaudrait mieux bûcher & trimer pour de vrai, ça rapporterait plus ! » La morale bourgeoise est sauve, & le monde qu'elle gouverne implacable. Mais qui donc est le plus haïssable ? Marthe, Ginginet ou Léo qui, rentré dans le rang, marié, aura le dernier mot sur cette femme qu'il a portée aux nues, adulée, adorée : « Les filles comme elle ont cela de bon qu'elles font aimer celles qui ne leur ressemblent pas » ? |
1830 Le préfet Mangin tente d'interdire les rues de Paris aux prostituées & de les confiner aux seules maisons closes 1836 Alexandre Parent-Duchâtelet publie De la prostitution dans la ville de Paris, considérée sous le rapport de l'hygiène publique, de la morale & de l'administration 1838 Splendeurs & misères des courtisanes de Balzac est édité de 1838 à 1847 1840 Paris compte environ 250 bordels 1850 Paris dépasse le million d'habitants 1867 Liaison entre Huysmans & une actrice de Bobino 1870 Paris compte environ 150 maisons closes 1876-1877 Publication, en Belgique, de Marthe, histoire d'une
fille. Le roman est interdit en France pour pornographie. 1880 Émile Zola, Nana 1899-1900 Le Jardin des supplices & Le Journal d'une femme de chambre de Mirbeau sont édités chez Fasquelle 1904 La Maison Philibert, Jean Lorrain 13 avril 1946 Fermeture des maisons closes, loi dite Marthe Richard
Nombre de signes 142 000 Folio 76 pages Temps d'impression 15 minutes Taille du fichier PDF 500 Ko ISBN - Prix 2-84824-036-9 |
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